26 January 2023
La Tome des Bauges AOP, fromage du terroir savoyard
Moins connu que ses voisins du Mont Blanc, du Beaufortain ou de Chartreuse, le Massif des Bauges gagne à être découvert ! Ce massif de moyenne montagne, situé entre Chambéry,…
La poya vient de l’arpitan (retrouvez plus d’informations sur le patois savoyard ici !) et signifie « montée » ou « montée en alpage ».
Au détour d’une balade dans les hameaux de montagne, vous avez sans doute déjà admiré ces jolies peintures sur les poutres des granges. Elles sont de plus en plus rares mais quand on les voit, on ne les oublie pas. Dans un décor naturel de montagne, le peintre a dessiné le troupeau dans sa montée vers les alpages.
Au départ, la poya était le moyen pour les agriculteurs de montagne d’exposer leurs troupeaux et leur patrimoine. Une sorte d’inventaire dont le but était d’épater la galerie. Car la poya, la plupart du temps représentative de la montée en alpage, n’est pas composée n’importe comment. On doit y trouver les vaches du troupeau, en nombre exact, parées de leurs sonnailles (cloches) accrochées aux courroies de cuir décorées et personnalisées aux initiales des propriétaires. Mais aussi, le taureau, les génisses et les veaux et même parfois les chèvres, les cochons et les moutons. L’alpagiste qui conduit le troupeau et les employés sont également présents. Le fond de la scène doit représenter, de la manière la plus réaliste possible, le décor naturel avec les montagnes, les forêts et le chalet d’alpage. La peinture reflète la personnalité de l’agriculteur et donne une image de sa richesse et de sa prospérité.
Certaines poyas montrent aussi « le retour des alpages » avec les célèbres « reines » décorées de fleurs, de rubans et de pompons. La montée représente le travail et la perspective d’un été de labeur. La descente donne un côté plus festif au tableau.
Les poyas représentent donc toute la richesse d’une culture populaire fondée sur le travail des alpages et la fabrication du fromage.
Aujourd’hui, les poyas anciennes sont exposées à l’intérieur des fermes ou dans des musées, à l’abri des convoitises. Car cette sorte de bande dessinée de la transhumance, née à la fin du 19ème siècle en Suisse, est devenue exceptionnelle et sert aujourd’hui de décoration dans les intérieurs des grands chalets de montagne. Beaucoup des poyas traditionnelles ont disparu avec le temps, détruites en même temps que les vieilles granges. Ce sont les suisses de la région de Gruyère qui font le plus important travail de conservation avec des poyas exposées au Musée gruérien à Bulle, avec une riche collection de peintures anciennes et récentes.
A l’origine, la poya est une œuvre peinte mais d’autres techniques sont venues compléter ces jolis tableaux. La plus connue est celle du papier découpé. Cette technique incroyable, venue du Pays d’en Haut en Suisse, permet de créer des dentelles de papier d’une grande finesse. Les premiers à pratiquer cet art étaient les bergers et les alpagistes, redescendus dans les vallées pour l’hiver. Ils découpaient en une seule fois une feuille de papier pliée en deux et donnaient à voir les animaux, les arbres, les fleurs, le chalet et la montée en alpage, d’une manière délicate et sensible. C’est toujours bluffant de mettre en parallèle la rudesse de la vie dans les hautes montagnes et la finesse de ce travail de patience.
Aujourd’hui des artistes contemporains créent des poyas en s’inspirant de la tradition suisse. Et comme l’esprit des montagnes n’a pas de frontière, on peut, par exemple, aller chercher du côté de Morzine, Chamonix ou Sallanches pour trouver de très belles représentations contemporaines. Les artistes d’aujourd’hui, amoureux des montagnes et de la nature, peignent des tableaux en général sur bois directement en rapport avec la vie des alpages. Vous les trouverez facilement au détour d’une visite dans les villages de montagne.
Si vous voulez en savoir plus, plongez-vous dans le beau livre de Denis Buchs, « Les Poyas » publié aux Editions Ides et Calendes. Conservateur honoraire au Musée gruérien, il possède une riche collection de poyas anciennes et récentes.
Et puis, assister « en vrai » à la transhumance qui inspire tant les peintres de poyas est une chose plutôt facile à organiser. Dès le début de l’été, selon la météo, les troupeaux montent vers les alpages. C’est un évènement majeur pour les éleveurs et les alpagistes. C’est parti pour deux à trois mois de dur labeur au pays des hautes altitudes et des paysages somptueux. Avec à la clé, les excellents fromages d’alpage fabriqués au bon lait parfumé de fleurs de montagne. A l’aspect festif de la transhumance s’ajoute un aspect essentiel pour la production des fromages de montagne, et pour les labellisations AOP (Appellation d’Origine Protégée) et IGP (indication géographique protégée) qui imposent un minimum de 150 jours de pâturage par an.
Catherine Claude – Axiuba Communication